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Durée légale du travail et repos : une indemnisation désormais automatique

Le respect de la durée légale du travail et des temps de repos est une exigence fondamentale du droit du travail. Non seulement ces règles garantissent la santé et la sécurité des salariés, mais elles constituent également des droits protégés par la loi. Une récente décision de la Cour de cassation vient renforcer cette protection en affirmant qu’un manquement à ces obligations ouvre droit à réparation, sans que le salarié n’ait à démontrer un quelconque préjudice.


Un encadrement légal strict

Le Code du travail fixe des limites précises en matière de durée du travail et de repos. Ces règles visent à préserver l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle et à prévenir les risques liés à la surcharge de travail. Ainsi, l’employeur est tenu de respecter :

  • Une durée maximale de 10 heures de travail effectif par jour, sauf dérogations prévues (article L. 3121-18) ;

  • Une durée maximale de 48 heures par semaine, ou 44 heures en moyenne sur 12 semaines consécutives (article L. 3121-20) ;

  • Un repos quotidien de 11 heures consécutives entre deux journées de travail (article L. 3131-1) ;

  • Un repos hebdomadaire minimum de 24 heures, à ajouter au repos quotidien (article L. 3132-2).


Toute dérogation ou dépassement injustifié expose l’employeur à des sanctions.


Une évolution jurisprudentielle en faveur des salariés

Depuis plusieurs années, la Cour de cassation rappelle que le non-respect de ces dispositions est susceptible de porter atteinte aux droits fondamentaux des salariés. La jurisprudence a progressivement évolué vers une reconnaissance du préjudice présumé.

  • Le 26 janvier 2022 (n° 20-21.636), la Cour juge que le simple dépassement de la durée maximale hebdomadaire entraîne nécessairement un préjudice.

  • Le 11 mai 2023 (n° 21-22.281), elle confirme que le dépassement de la durée quotidienne suffit à ouvrir droit à réparation.


Dans un arrêt rendu le 2 avril 2025, la Cour franchit un pas supplémentaire : le non-respect des temps de repos, qu’il soit quotidien ou hebdomadaire, ouvre automatiquement droit à réparation. Aucun préjudice spécifique n’a besoin d’être démontré par le salarié.


Un droit à réparation sans preuve de préjudice

Désormais, les salariés peuvent obtenir une indemnisation dès lors qu’ils prouvent une infraction aux durées maximales de travail ou aux obligations de repos, sans avoir à démontrer une conséquence concrète sur leur santé ou leur bien-être. Cette réparation peut prendre la forme de dommages-intérêts ou de repos compensateur.


Ce principe renforce la portée des droits sociaux : le respect des temps de repos ne relève pas de la seule organisation interne, mais d’un droit fondamental du salarié. Il en va de la dignité au travail et de la prévention des risques professionnels.


Une vigilance indispensable pour les employeurs

Pour les employeurs, cette jurisprudence impose une attention renforcée à l’organisation du temps de travail. Il ne suffit plus de corriger les anomalies après coup : tout dépassement non justifié ou répétitif est susceptible d’engager leur responsabilité.


Il est donc recommandé de mettre en place des outils de suivi rigoureux, de veiller au respect des temps de pause et de repos, et d’éviter toute surcharge structurelle. En cas de litige, l’absence de justification ou de traçabilité peut se retourner contre l’employeur.


Agir pour faire valoir ses droits

Salariés comme employeurs doivent prendre conscience de la portée de ces décisions. Si vous estimez que vos temps de travail sont excessifs, ou que vos repos ne sont pas respectés, il est possible d’agir.


De même, si vous êtes employeur, il est essentiel de sécuriser vos pratiques pour limiter tout risque contentieux. Une bonne organisation du temps de travail est un gage de conformité juridique, mais aussi de qualité de vie au travail.


Dans tous les cas, il est recommandé de se faire accompagner. Un professionnel du droit du travail pourra vous conseiller, vous assister et, le cas échéant, défendre vos intérêts devant les juridictions compétentes.

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