Il est grand temps de mettre fin à notre ignorance collective de l’âge numérique...
Farhad Manjoo du NYT fait deux constats. Le rôle omniprésent du numérique dans l’actualité et l’inculture généralisée qui lui fait face. Et il propose une sage résolution pour 2016 : accroître la connaissance technologique nécessaire à une meilleure pensée de l’avenir. Happy digital 2016 !
Farhad Manjoo du New York Times fait de 2015 l’année où "notre ignorance collective à l’âge numérique" est apparue flagrante. Et en conséquence, il propose une double résolution prioritaire pour 2016 : reconnaître le rôle éminent de la technologie dans l’évolution du monde et apprendre à mieux penser ses effets.
DU SCANDALE VOLKSWAGEN JUSQU'AUX VIOLENCES POLICIÈRES AUX USA
"Terrorisme, protestation contre les abus policiers, scandale Volkswagen, tensions autour du climat et de l’énergie". Le journaliste le rappelle : la technologie est partout dans l’actualité. Il fustige la méconnaissance du sujet par les politiques. Comme Donald Trump et Hillary Clinton demandant la fermeture d’une partie du Web pour empêcher les complots terroristes en ligne.
Il pointe aussi du doigt les medias qui se sont laissés supplanter aux USA par les medias sociaux : sur la montée en puissance de Donald Trump, ou sur la force de protestation contre les violences policières contre la population noire passée par le hashtag #blacklivesmatter.
LES RÉGULATEURS, DÉBORDÉS PAR LES PLATES-FORMES
Au tour des régulateurs, perdus par l’affaire du code caché de Volkswagen. Un sujet qui devrait aussi, insiste Fahrad Manjoo, nous pousser à appréhender différemment les objets connectés de plus en plus nombreux qui entrent dans nos existences. Mais le plus grand perturbateur numérique des régulations ne s'appelle pas Volkswagen. Il s'appelle Uber, bien sûr. Qui bouleverse les taxis mais aussi de nombreux autres secteurs, et surtout le travail. Avec AirBnB et les autres plates-formes, ils imposent de nouvelles règles sans que les régulateurs n’arrivent à suivre. "En passant outre les régulations avec du logiciel, ces services ont atteint une large popularité, et les efforts pour limiter leurs effets doivent prendre en compte tous ces utilisateurs loyaux," précise le journaliste.
LIBERTÉ CONTRE SÉCURITÉ 2.0
L’article se conclut sans surprise sur une analyse plus longue de l’attitude des gouvernements. Ou plutôt du gouvernement américain. Les lourdes questions de vie privée, de sécurité, de surveillance ont pesé sur 2015 encore un peu plus lourd que les années précédentes… Le journaliste évoque l’influence des grands du numérique auprès de l’administration Obama. Ou les déclarations de l’ancienne patronne de HP, Carly Fiorina, candidate aux primaires républicaines, convaincue qu’il suffit de demander aux entreprises du numérique d’ouvrir leurs portes virtuelles pour fouiller dans les données des internautes. Et qu’ils le feront avec la meilleure volonté, comme elle l’a fait en son temps !
La question de la culture numérique des élites, politiques en particulier, se place en haut de la liste, comme l’avait évoqué le CNNum dans son rapport sur la l’inclusion numérique.
BONNE ANNÉE NUMÉRIQUE
Après les attentats de janvier et novembre à Paris, le vote de la loi sur le renseignement, l’opposition entre sécurité et liberté 2.0 marquera encore plus fortement 2016 en France aussi. Alors, régulateurs, entrepreneurs, politiques, militants associatifs, journalistes, qui que nous soyons, emboitons le pas de Farhad Manjoo du New York Times et de sa bonne résolution. Dotons nous des connaissances sur le numérique et ses technologies qui nous permettront. Et faisons le vœu d’une très belle nouvelle année numérique. En toute connaissance de cause.
Source ; Usine Digital .fr
De Emmanuel Delsol